Une figure d’opposition est une figure de style qui, dans un même énoncé, rapproche deux éléments opposés.
Ce rapprochement de deux mots ou groupes de mots dont le sens ou l’interprétation du sens sont contraires, contrastés ou apparemment incompatibles crée ainsi la surprise, retient l’attention, frappe l’esprit.
Il permet une mise en relief de l’opposition que l’on souhaite souligner entre deux idées, deux situations, deux sentiments.
La figure d’opposition utilise divers procédés syntaxiques, lexicaux ou grammaticaux qui, en jouant sur un effet de contraste, intensifient le propos ou renforcent un argument.
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Les principales figures d’opposition sont :
-> L’antithèse, qui se fonde sur l’opposition de sens ou d’interprétation de sens entre deux mots de même nature ou deux groupes de mots.
Exemple :
Sa volonté est grande mais sa paresse est immense.
-> Le chiasme, qui joue sur l’ordre inversé de deux groupes de mots, selon une construction en croix.
Exemple :
Les critiques sont nombreuses, rares sont les compliments.
-> L’oxymore, qui juxtapose deux termes contraires ou dont le sens est en apparence incompatible.
Exemple :
Une mélancolie joyeuse.
Plan de l'article
L’antithèse
Étymologie : Le mot antithèse est issu du grec antithésis, qui signifie « opposition ».
L’antithèse est une figure de style fondée sur une relation d’opposition entre deux idées, deux faits ou deux sentiments dans une même phrase.
Elle associe, en les coordonnant ou en les juxtaposant, deux mots de même nature (noms, adjectifs, verbes, adverbes) ou deux groupes de mots, dont le sens ou l’interprétation du sens sont opposés. Les termes employés sont le plus souvent des antonymes (mots contraires) ou des mots dont le sens est en apparence contradictoire.
En créant un effet de contraste, le lecteur ou l’auditeur est surpris, déstabilisé, dérangé. Sa compréhension est dynamisée, il visualise mieux les propos.
L’antithèse, en conférant ainsi à la phrase une plus grande force expressive, par sa construction, son rythme, ses images, permet de surprendre, souligner, démontrer ou argumenter.
L’antithèse est utilisée pour mettre en évidence une dualité, une discordance, un conflit, une contradiction, une improbabilité, une indécision.
L’effet de contraste est parfois renforcé par un agencement syntaxique en balancement ou parallélisme (juxtaposition entre deux groupes de mots, deux phrases ou deux vers agencés de la même manière).
L’opposition est souvent appuyée par l’emploi de « mais ».
Exemples :
J’aime le bruit et le silence, la nuit et la clarté, la solitude et la foule : je suis comme je suis.
Il souhaite la réussite et la redoute.
Sa cruauté n’avait d’égale que sa douceur.
À l’intérieur, tout le monde dort ; à l’extérieur, tout le monde rit.
Je l’admire, je le déteste.
Cet énoncé est court mais complexe.
Dans cet exemple, l’antithèse est fondée sur le rapprochement de deux mots qui ne sont pas à proprement parler des contraires mais de deux idées qui s’opposent. Le contraire de « court » n’est pas « complexe ». L’opposition entre les deux termes relève de l’interprétation. L’emploi de l’adjectif « court » laisse supposer la simplicité de l’énoncé ; l’adjectif « complexe » fait référence à la difficulté pour résoudre l’exercice.
-> De nombreux titres reposent sur l’antithèse.
Exemples :
Guerre et Paix. (Léon Tolstoï)
L’Être et le Néant. (Jean-Paul Sartre)
Elle est aussi présente dans les paroles de chansons.
« J’irai pt’être au paradis mais dans un train d’enfer. »(Serge Gainsbourg, Harley Davidson)
« Un côté blanc, un côté noir, personne n’est tout moche ou tout beau, moitié ange et moitié salaud. »(Renaud, Docteur Renaud, Mister Renard)
Ne pas confondre antithèse et oxymore !
L’antithèse et l’oxymore sont des figures d’opposition.
-> L’antithèse est fondée sur la relation d’opposition entre deux mots ou groupes de mots dans une même phrase.
Exemple :
Je sortais toute la nuit et dormais toute la journée.
-> L’oxymore juxtapose, dans le même groupe de mots, deux termes dont le sens est opposé.
Exemple :
Une nuit claire.
Le chiasme
Étymologie : Le mot chiasme est issu du grec khiasmós (croisement), provenant de la lettre X (khi), elle-même en forme de croix.
Le chiasme associe deux groupes de mots dans une symétrie inversée, en jouant sur le vocabulaire, la grammaire ou le sens.
On parlera plutôt de figure de construction que de figure d’opposition.
Le chiasme, par sa structure même, donne un rythme solide à la phrase. Sa force expressive en est d’autant plus renforcée qu’elle est servie par la musicalité ou la sonorité.
Il crée un effet de contraste qui, par les termes et la construction utilisés, saisit, frappe, surprend, facilite immédiatement la compréhension et reste en mémoire. Il permet de synthétiser une idée ou mettre en évidence une argumentation, dans une formulation concise et percutante.
Il sert généralement à souligner une antithèse.
Le chiasme, par son efficacité de style, est utilisé tant dans le langage soutenu qu’à l’oral ainsi qu’en littérature, en politique, dans les slogans publicitaires ou les textes de chanson.
Exemples :
Le vent siffle, gronde la mer.
Je ne veux que lui, il ne veut que moi.
Les touristes sont partis, sont revenus les résidents.
« Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. »(Molière, L’Avare)
« La beauté n’a pas de frontière, les frontières n’ont pas de beauté. »(Nekfeu, Solidarité)
« Les lois ne font plus les hommes, mais quelques hommes font la loi. »(Alain Bashung, Gaby oh Gaby)
« C’est pas l’homme qui prend la mer c’est la mer qui prend l’homme. »(Renaud, Docteur Renaud, Mister Renard)
Ça passe mal ? Lysopaïne et le mal passe.(Lysopaïne, médicament contre le mal de gorge)
Synthol ? Ça fait du bien là où ça fait mal.(Synthol, antalgique local)
-> Les titres d’ouvrages ou d’articles, notamment, usent de cette figure pour frapper l’attention.
Exemples :
Le silence de la loi ou la loi du silence.
Le chaos du monde ou le monde du chaos.
Le monde de l’art et l’art du monde.
Critique de la culture, culture de la critique.
L’oxymore
Étymologie : Le mot oxymore est issu du grec oxymôros, composé de oxus « aigu, fin » et môros « épais ».
L’oxymore, aussi appelé oxymoron, est une figure d’opposition qui associe deux mots dont le sens est contradictoire ou très contrasté et étroitement lié par la syntaxe.
Cette alliance de mots crée l’étonnement grâce à une formule explicite. En frappant ainsi l’esprit par un effet de surprise, l’oxymore crée une image qui emporte immédiatement la compréhension du lecteur ou de l’auditeur et facilite sa mémorisation.
L’oxymore peut être composé :
-> D’un nom + un adjectif
Exemples :
Un cri muet.
Un silence assourdissant.
Une lueur sombre.
-> D’un nom + un complément nominal
Exemple :
Un rire de désespoir.
-> D’un verbe + un adjectif
Exemples :
Se hâter lentement.
Sourire tristement.
L’oxymore, par cette association inattendue, voire incongrue, de deux termes de sens contraire ou contrasté, crée une réalité imagée, poétique ou absurde, qui illustre de façon marquante l’idée ou le fait énoncé.
Procédé de style efficace et percutant, il est très utilisé en littérature, en poésie, au théâtre ou dans les textes de chansons :
« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. »(Corneille, Le Cid)
« La vie est une parfaite imperfection. »(Lomepal, Bécane)
« On aime voir l’ombre briller. »(PNL, Oh lala)
Remarque :
On peut considérer que l’oxymore, qui juxtapose deux termes de sens opposés, est le contraire du pléonasme, qui juxtapose des mots de même sens (exemple : se dépêcher rapidement).
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