Les figures de substitution sont des figures de style créées à partir d’une formulation logique attendue dont on remplace un ou plusieurs mots par d’autres que l’on n’attendait pas. Ce procédé d’écriture, par son jeu d’équivalence entre deux mots ou expressions, a pour but de provoquer une surprise, une attente, un euphémisme, une appréciation ou une dépréciation, voire une ironie.
La technique de substitution emploie le trope, procédé consistant à détourner un mot, une expression de son sens propre, pour l’employer dans un sens figuré ou imagé ou encore à remplacer un mot par un autre mot ou par une expression, considérés comme équivalents par glissement de sens.
Elle permet de présenter une réalité de façon originale, poétique ou étonnante en faisant ressortir une signification précise de l’élément remplacé.
Exemple :
Dire que j’ai passé des années
À côté de lui, sans le regarder
On a à peine ouvert les yeux
Nous deux
(Chanson de Daniel Guichard, Mon vieux)
La formulation « À côté de lui, sans le regarder, on a à peine ouvert les yeux » est la substitution à la formulation : Dire que j’ai passé des années à ne pas ouvrir les yeux sur lui pour lui parler, échanger, le découvrir et mieux le connaître.
Plan de l'article
La métonymie
Étymologie : Le mot métonymie est issu du grec puis du latin metonymia composé de meta- : à la place de et de onumi : nom désignant le « déplacement d’un mot, le changement de nom ».
La métonymie est une figure qui consiste à remplacer un terme par un autre terme qui entretient avec le premier un rapport logique. C’est le fait de remplacer le nom d’une réalité par l’un quelconque de ses caractéristiques. Ce procédé offre un raccourci de la pensée.
On peut employer le contenant pour le contenu, le tout pour la partie, l’instrument pour celui qui en use, l’attribut pour le possesseur, la matière pour l’objet, le lieu d’origine pour la chose, l’auteur pour l’œuvre.
La métonymie est largement employée tant en littérature que dans le langage courant.
Exemples :
-> Le contenant pour le contenu
Allons boire un verre. (Un verre = un verre de bière)
Livrer le camion. (Le camion = a marchandise qu’il transporte)
-> L’effet pour la cause
Respirer la mort. (En parlant d’un gaz toxique.)
Il a trop bu. (Il est ivre pour avoir trop bu.)
-> La partie pour le tout
Veux-tu manger un morceau ? (Un morceau = manger quelque chose ou manger un peu.)
Il faut trouver un lit pour ce soir. (Un lit = une chambre d’hôtel.)
-> L’institution pour la personne
La décision vient de Matignon. (Matignon = le Premier ministre.)
La Maison Blanche. (Le président des États-Unis.)
-> Le lieu pour l’institution
Bercy doit fournir son rapport. (Le ministère des Finances.)
-> L’objet pour ce qu’il représente
Henri IV a hérité du trône en 1584. (Hériter du trône = hériter de l’autorité suprême d’un souverain.)
Prétendre à la couronne. (Vouloir accéder au pouvoir royal, impérial.)
->L’objet par sa matière
Une aquarelle d’Alexis Mossa. (Un tableau de l’artiste réalisé à l’aquarelle.)
Enfiler un cuir pour la sortie moto. (Un blouson de cuir.)
->Une œuvre par l’artiste ou l’auteur
Il possède un Gauguin. (Un tableau peint par Gauguin.)
J’ai lu un Pagnol. (Un roman de Marcel Pagnol.)
-> La chose pour la personne
La radio nous annoncera les résultats. (La radio = le journaliste à la radio.)
Le téléphone donnera de ses nouvelles. (Le téléphone = la personne qui appelle.)
-> Un symbole pour une chose
Des principes moraux pour défendre Marianne. (Pour défendre la République.)
-> La personne pour une recette
Un tournedos Rossini. (Tournedos tel que le cuisinait Casimir Moisson, chef de la Maison Dorée, en l’honneur du compositeur Gioachino Rossini.)
La synecdoque
Étymologie : Le mot synecdoque est issu du grec sun signifiant « ensemble » et ekdokhê signifiant « action d’interpréter, de comprendre ».
Proche de la métonymie la synecdoque remplace le nom d’une réalité par celui d’une de ses parties ou désigne un tout pour signifier une partie.
Plus précisément, cette figure procède par extension ou restriction de sens d’un terme en nommant l’espèce pour le genre, la matière pour l’objet, le particulier pour le général, le singulier par le pluriel et inversement grâce à un rapport d’inclusion.
En résumé, la synecdoque est composée d’un terme qui en sous-entend un autre ayant un sens plus large ou plus limité. Elle se construit de différentes manières :
-> En généralisant : la synecdoque désigne une chose par le tout dont elle fait partie, le genre pour l’espèce, la matière qui renvoie à la partie, le pluriel à la place du singulier, l’abstrait pour le concret, un nom commun pour désigner un nom propre.
Exemples :
L’entreprise est en grève. (Les salariés de l’entreprise)
Sa voiture est en panne. (Le moteur de sa voiture)
La France a battu le Japon au rugby. (Le XV de France)
L’animal aux dents acérées s’approcha de la rive. (Le crocodile)
Le blé et le sarrasin sont meilleurs pour les crêpes. (La farine issue de ces céréales)
Il n’écrira jamais comme les Balzac ou les Flaubert. (Balzac ou Flaubert)
La cité des violettes est en effervescence l’été. (La ville de Toulouse)
Exemples :
Ils cherchent un toit pour l’automne prochain. (Une habitation)
Le ballon rond est à l’honneur cette semaine. (Le football)
L’ennemi est à nos portes. (Les ennemis, les assaillants)
Il a vécu cinquante printemps. (Cinquante années)
Les voiles antiques sont à Imperia l’été. (Les voiliers anciens)
Le riche ne se soucie que de ses propres richesses. (Les personnes riches)
Il espérait une main secourable. (Une personne)
Elle sera son bâton de vieillesse. (Personne prenant soin d’une personne âgée)
On aurait gagné avec un José Mourinho. (Un bon entraîneur)
Pour vous sentir plus à l’aise avec l’utilisation des figures de style, essayez notre correcteur d’orthographe et de grammaire. En plus d’une correction poussée, il vous permettra d’optimiser votre style rédactionnel.
La périphrase
Étymologie : Le mot périphrase est composé du préfixe peri signifiant en grec « à côté, autour de » et de phrazein signifiant « parler » ; periphrazein veut donc dire « exprimer de manière indirecte ».
La périphrase se construit en utilisant un groupe de mot pour définir, décrire ou évoquer un élément dans une expression plus longue, plus imagée, parfois fastueuse, au lieu de le nommer d’une manière directe qui aurait été plus simple et plus courte (l’astre du jour : le Soleil).
Elle permet d’éviter la répétition tout en comportant les qualités ou caractéristiques de l’élément dont on parle, en apportant des précisions, en insistant sur les valeurs que l’on souhaite mettre en avant dans un but persuasif, en reprenant une caractéristique du concept désigné.
Certains ouvrages de référence disent que la périphrase n’est en réalité qu’une utilisation choisie de la métaphore, de la métonymie ou de l’antonomase, alors que d’autres ouvrages disent qu’elle est une figure de style en soi.
La périphrase peut être métaphorique ou hyperbolique ; elle insère l’ironie ou l’humour comme outil argumentatif, l’euphémisme pour atténuer l’effet produit par la puissance de certains mots ou encore une formule plus polie pour éviter l’emploi de mots crus. Elle permet d’embellir une réalité ; elle peut être poétique ou péjorative.
-> La périphrase nominale comporte un groupe de mots.
Exemples :
La Ville Lumière. (Paris)
la ville éternelle. (Rome)
La plus belle avenue du monde. (Les Champs-Élysées)
L’île de Beauté. (La Corse)
Le vieux continent. (L’Europe)
Le pays du Soleil-Levant. (Le Japon)
Le billet vert. (Le dollar)
Le sexe dit faible. (Les femmes)
Le matin de la vie. (L’enfance)
Le troisième âge. (La vieillesse ; les personnes âgées)
Le septième art. (Le cinéma)
La langue de Molière, de Shakespeare ou de Goethe. (Le français, l’anglais ou l’allemand)
L’astre de la nuit, la reine des nuits. (La Lune)
La grande faucheuse. (La mort)
Le soutien de la vie. (Le pain)
Le roi des animaux. (Le lion)
Les belles mouvantes. (Les mains)
Les perles de la bouche. (Les dents)
Le grand timonier. (Mao Tsé-toung)
-> La périphrase verbale est constituée d’un semi-auxiliaire conjugué (sauf à la forme pronominale) et d’un verbe non conjugué, à l’infinitif ou au participe présent.
– Elle comporte une valeur de temps passé ou futur.
Exemples :
Elle devrait partir demain.
Il vient de quitter la maison.
– Elle exprime la manière dont une action se déroule.
Exemples :
J’étais justement sur le point de partir.
Il était en train de fermer boutique.
Nous pensons achever le travail dans une semaine.
Exemples :
T’as perdu ta langue ? (Tu dis rien ?)
Passer l’arme à gauche. (Mourir)
Aller aux toilettes. (Faire ses besoins)
Travailler pour le roi de Prusse. (Pour rien)
« Qui n’a souvent réfléchi à toute l’importance que l’on retire de ce modeste animal, ornement de nos basses-cours, qui fournit à la fois un oreiller moelleux pour nos couches, sa chair succulente pour nos tables, et des œufs ? »(Gustave Flaubert, Madame Bovary – Discours de Lieuvain – La poule)
« Celui de qui la tête au ciel était voisine Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts »(La Fontaine, Le chêne et le roseau)
[:module-2]
N’oubliez de découvrir nos autres contenus sur les figures de style :
Aidez vos amis à parfaire leur français
Partagez-leur cette page