Le mode subjonctif exprime le doute, l’indécision, le fait pensé, souhaité ou redouté, le fait non réalisé ou incertain, sur lequel la personne qui parle ne veut pas s’avancer.
Il s’emploie dans les propositions principales ou indépendantes.
Il comporte quatre temps :
- deux temps simples (le présent et l’imparfait) ;
- deux temps composés (le passé et le plus-que-parfait).
Le temps du verbe de la proposition principale conditionne le temps du verbe de la proposition subordonnée.
- Si le verbe de la principale est au passé de l’indicatif ou au conditionnel, le verbe de la subordonnée est au subjonctif imparfait pour exprimer une action simultanée.
Exemples :
Elle rêvait qu’il la rejoignît en Corse.
Sa mère aurait accepté l’invitation qu’à la condition que l’on vînt la chercher en voiture.
Plan de l'article
Rappels sur l’imparfait du subjonctif
L’imparfait du subjonctif plus communément nommé : subjonctif imparfait, n’est presque plus utilisé de nos jours sinon dans un langage très soutenu ou dans la littérature. On le remplace de plus en plus par le subjonctif présent.
Exemple :
Il était nécessaire qu’il vînt. (subjonctif imparfait)
On écrira plus couramment :
Il était nécessaire qu’il vienne. (subjonctif présent)
-> On l’utilise encore souvent aujourd’hui pour donner un ton plaisant ou moqueur au discours.
Exemples :
Tu aurais voulu en plus que j’invitasse ta chère mère ?
Il eut aimé que je le susse.
-> Il marque une condition :
Exemple :
Elle attendait que nous fussions tous d’accord pour partir.
-> Il marque le doute, la certitude, la possibilité après les verbes à tournure impersonnelle :
Exemple :
Il fallait que vous eussiez du courage.
-> Il marque une opinion, une déclaration, une perception (après les verbes craindre, croire, estimer, penser, redouter, supposer…).
Exemples :
Il craignait qu’elle ne lui parlât plus jamais après ses mensonges.
Je redoutais qu’il fût plus gourmand que moi.
-> Il marque un souhait avec ou sans « que ».
Exemples :
Qu’il pût revenir sain et sauf, voilà tout ce qu’elle espérait.
Pût-il revenir sain et sauf, voilà tout ce qu’elle espérait.
-> Après « que » placé en tête de phrase et introduisant :
– une subordonnée complément d’objet :
Exemple :
Qu’il ne racontât rien d’autre que des bêtises étant jeune, cela était certain.
– une concession :
Exemple :
Qu’il réussît à se faire pardonner, il n’en obtint aucune confiance pour autant.
Les règles de conjugaison du subjonctif imparfait
En français, les verbes sont classés en trois groupes.
-> Le 1er groupe est constitué des verbes dont la terminaison à l’infinitif est -er et au participe présent -ant (sauf le verbe aller qui appartient au 3e groupe).90 % des verbes français appartiennent à ce 1er groupe.
Exemples :
Marcher, acheter, daigner.
-> Le 2e groupe est constitué des verbes dont la terminaison à l’infinitif est -ir et au participe présent -issant.
Exemples :
Pétrir, meurtrir, flétrir, trahir, s’assoupir.
-> Le 3e groupe est constitué des verbes dits « irréguliers » dont la terminaison à l’infinitif peut être -ir, -oir ou -re et au participe présent -ant. Bien que la terminaison du verbe aller à l’infinitif soit -er, il fait partie de ce groupe.
Exemples :
Obtenir, venir ; avoir, se mouvoir ; vendre, boire.
Les verbes des 1er, 2e et 3e groupes au subjonctif imparfait
Le subjonctifimparfait de tous les verbes, excepté avoir et être, se forme au moyen du radical du verbe conjugué auquel on ajoute les terminaisons :
‑sse, ‑sses, ‑t, ‑ssions, ‑ssiez, ‑ssent
Attention :
-> À la 3e personne du singulier, on place un accent circonflexe sur la voyelle qui précède le « t » pour éviter la confusion avec la 3e personne du singulier du passé simple.
Exemples :
On dit qu’il fut heureux et qu’il eut du succès (passé simple).
Qu’il fût heureux et qu’il eût du succès, personne n’en doute ! (subjonctif imparfait).
Il dut partir plus tôt à cause des grèves annoncées. (passé simple)
Bien qu’il dût la reconnaître, il n’acceptait pas sa défaite. (subjonctif imparfait)
-> Le « e » final de la 1re personne du singulier se transforme en « é » lorsqu’il y a inversion du sujet et du verbe. Cette particularité touche essentiellement les verbes devoir, avoir et être.
Exemples :
Il pensait que je dusse lui pardonner. Je lui pardonnais, dussé-je le regretter.
L’eussé-je cru s’il avait dit la vérité ?
Il me fallait vivre ma vie, fussé-je mal comprise.
Remarque : La réforme de l’orthographe de 1990 préconise le remplacement du « é » par un « è » pour être plus conforme à la prononciation courante ; ainsi, les graphies dussè-je, eussè-je, fussè-je sont considérées comme correctes.
Les verbes du 1er groupe au subjonctif imparfait
AIMER
que j’aimasse
que tu aimasses
qu’il, qu’elle ou qu’on aimât
que nous aimassions
que vous aimassiez
qu’ils ou qu’elles aimassent
CHANTER
que je chantasse
que tu chantasses
qu’il, qu’elle ou qu’on chantât
que nous chantassions
que vous chantassiez
qu’ils ou qu’elles chantassent
Les verbes du 2e groupe au subjonctif imparfait
Remarque : Les verbes du 2e groupe se conjuguent comme au subjonctif présent, la différence est la terminaison à la 3e personne du singulier « isse » devient « ît ».
RÉUNIR
que je réunisse
que tu réunisses
qu’il, qu’elle ou qu’on réunît
que nous réunissions
que vous réunissiez
qu’ils ou qu’elles réunissent
FLEURIR
que je fleurisse
que tu fleurisses
qu’il, qu’elle ou qu’on fleurît
que nous fleurissions
que vous fleurissiez
qu’ils ou qu’elles fleurissent
Les verbes du 3e groupe au subjonctif imparfait
VOIR
que je visse
que tu visses
qu’il, qu’elle ou qu’on vît
que nous vissions
que vous vissiez
qu’ils ou qu’elles vissent
COMPRENDRE
que je comprisse
que tu comprisses
qu’il, qu’elle ou qu’on comprît
que nous comprissions
que vous comprissiez
qu’ils ou qu’elles comprissent
COURIR
que je courusse
que tu courusses
qu’il, qu’elle ou qu’on courût
que nous courussions
que vous courussiez
qu’ils ou qu’elles courussent
POUVOIR
que je pusse
que tu pusses
qu’il, qu’elle ou qu’on pût
que nous pussions
que vous pussiez
qu’ils ou qu’elles pussent
Remarque : Les verbes du 3e groupe qui se terminent par -cevoir à l’infinitif (apercevoir, concevoir, décevoir, percevoir, recevoir) remplacent le « c » par un « ç » (c cédille) devant le « u » de la terminaison.
APERCEVOIR
que j’aperçusse
que tu aperçusses
qu’il, qu’elle ou qu’on aperçût
que nous aperçussions
que vous aperçussiez
qu’ils ou qu’elles aperçussent
DEVOIR
que je dusse
que tu dusses
qu’il, qu’elle ou qu’on dût
que nous dussions
que vous dussiez
qu’ils ou qu’elles dussent
PRÉVOIR
que je prévisse
que tu prévisses
qu’il, qu’elle ou qu’on prévît
que nous prévissions
que vous prévissiez
qu’ils ou qu’elles prévissent
SAVOIR
que je susse
que tu susses
qu’il, qu’elle ou qu’on sût
que nous sussions
que vous sussiez
qu’ils ou qu’elles sussent
VOULOIR
que je voulusse
que tu voulusses
qu’il, qu’elle ou qu’on voulût
que nous voulussions
que vous voulussiez
qu’ils ou qu’elles voulussent
VALOIR
que je valusse
que tu valusses
qu’il, qu’elle ou qu’on valût
que nous valussions
que vous valussiez
qu’ils ou qu’elles valussent
-> Les verbes asseoir (ou s’asseoir) et rasseoir (ou se rasseoir) ne présentent qu’une forme possible dans leur conjugaison au subjonctif imparfait, contrairement au subjonctif présent.
ASSEOIR
que je m’assise
que tu t’assisses
qu’il, qu’elle ou qu’on s’assît
que nous nous assissions
que vous vous assissiez
qu’ils ou qu’elles s’assissent
Attention ! Le verbe aller, bien que se terminant en -er, est un verbe irrégulier du 3e groupe.
ALLER
que j’allasse
que tu allasses
qu’il, qu’elle ou qu’on allât
que nous allassions
que vous allassiez
qu’ils ou qu’elles allassent
Les verbes « avoir » et « être » au subjonctif imparfait
AVOIR
que j’eusse
que tu eusses
qu’il, qu’elle ou qu’on eût
que nous eussions
que vous eussiez
qu’ils ou qu’elles eussent
ÊTRE
que je fusse
que tu fusses
qu’il, qu’elle ou qu’on fût
que nous fussions
que vous fussiez
qu’ils ou qu’elles fussent
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